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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:55

Rencontres Interrégionales des Langues et Cultures Régionales et Minoritaires de France

Le jeudi 12 janvier 2012, Fond Saint-Jacques

(Chroniqueur en créole à  Antilla, éditeur)

 

Kréyolad : pou li kréyol toulong

 

 : « Kréolad sé an ti-mo pou pran a la rigolad » première phrase du premier Kréyolad parut en mars 2004. Figurez-vous que ce titre a failli m’attirer des ennuis, i mantjé potjiré mwen dézagréman.

 

A mon insu j’entrais dans un combat sans  bâton entre militants de la Créolité et de la Négritude. Ce terme fut, parait-il, utilisé pour la première fois à l’occasion du prix Goncourt de Patrick Chamoiseau avec Texaco, et feue Xavier Orville dans France-Antilles aurait déclaré « sé créolade ki la ».

Mais il semble que, la régularité de cet écrit en créole, l’analyse par un universitaire à l’occasion d’un colloque en 2008, l’utilisation par certains enseignants de créole,  tous ces éléments ont permit aux créolistes de le jauger, le critiquer voire l’apprécier au point même de me proposer qu’il soit sur le site Montray Kréyola vecle  n°215 le 29 mai 2008.

 

Quoiqu’il en soit mon combat, ou plus exactement ma posture est celle d’un militant de l’écrit créole qui depuis bientôt 8 ans sans discontinuer (sauf en février 2009) publie régulièrement pour atteindre aujourd’hui le 402ème numéro.

Défen Papa té ka di : ti-kou long diré. Il parlait ainsi de régularité, car toujours selon lui vomié ou fè manjé’w anlè an chabon kanpech pito anlè an difé pay koko.

        

         Depuis an tan madjigada il existe deux langues en bisbi éti chien yo pa ka alé lachas. Je veux parler du phénomène de la diglossie qui est la domination d’une langue par rapport à une autre, très loin de la situation de bilinguisme où les deux langues ont le même statut. Avant l’on interdisait formellement de parler le créole aujourd’hui plus besoin d’interdire puisque l’on a intégré qu’il ne faut pas parler créole à certains lieux (Administrations, certaine famille, certaines situations, etc…).

         Nous n’avons pas été alphabétisés en créole, il convient que chaque martiniquais sente la nécessité de comprendre et d’apprendre notre langue sous peine de disparition. Chaque génération doit assumer sa mission ou la trahir sous peine du syndrome de Paramine (Trinidad) seul endroit où des vieux parlent encore créole.

Les travaux du GEREC restent à mon avis incompris, puisque malgré leurs nombreux travaux sur la langue, depuis plus de 35 ans le peuple n’a jamais totalement adhéré à leurs travaux. Leur logique de faire avancer la langue avec les améliorations de l’encodage Standard I et II ne fait pas l’unanimité. La rumeur du Standard III crée déjà un malaise. Beaucoup de martiniquais dans les médias, journaux, adhère difficilement à la graphie, on continue à voir toute sorte de chose où l’on constate la proximité du français.

Il faut sortir de la fausse logique, mwen ja sa palé, man pa bizwen aprann ékri’y. Epi kréyol tro difisil a li. Comme si on pouvait lire le kréyol sans l’apprendre. Il faut prendre conscience de son « analphabétisme en créole ». C’est dans ce sens que j’écris pour fournir des textes sur des préoccupation de tous les jours.

        

Il est aisé de constater en jetant an ti-kout zié pa dèyè dans le rétroviseur du passé, que la place du créole dans la presse (sa pa pres).

 

Bref historique

Entre 1919 et 1939 il y avait au moins 70 titres en Martinique. Il y avait certes de petit tirage et leur vie était courte kon latjé krapo.

 

En 1964, deux nouveau moyen d’information pointe le nez : le quotidien France Antilles (il vient de changer de format) en 1968 il publie lwenzalwen des poèmes et des contes et La télévision. (L’on observe alors la disparition des journaux).

C’est dans Aujourd’hui Dimanche   1965-1972 que l’on verra apparaître des traces de créole avec les fameux dialogues de personnages comme : Zizi et Popol, Ti-Chal et Ti-Chaben ; Propos d’un bitako, Compè Lapin et compè Zamba, Mait Mano et Asto, Ami Vévé et Ti-jacques. Ajoutons enfin que dans l’anné’ 1976 il y a des articles sur l’introduction du créole à l’école.

 

C’est surtout dans l’émigration avec DJOK qui publie le numéro 57 en 1978 que l’on commence à voir des publications de presse tout en créole.

 

Il faut attendre dans la même année 1978 l’arrivée de GRIF AN TE avec des gens comme : Térèz, Georges-Henri Léotin, Serge Harpin, Raphaël Confiant…pour voir une publication exclusivement en créole. Le journal vivra le temps de 52 numéros de 1978 à 1982. Dans les années 1980 ANTILLA KREYOL va tenir avec 15 numéros, c’est un mensuel qui passé bimestriel avant de mourir de sa belle mort. Signalons qu’en 1978 ANTILLA KREYOL va sortir jusqu’à 2000 exemplaires.

 

Enfin pour terminer citons une série de journaux plus scientifique sous la houlette du GEREC.

ESPACE CREOLE (5 numéros 76, 77, 78 79-80,83) Revue linguistique pour étudier la langue et la culture créole.

MOFWAZ revue pédagogique pour diffuser auprès des professeurs et des instituteurs, ce sont principalement les recherches du GEREC 3 ( 77, 78 et 1980).

TEXTES ET DOCUMENTS, revue littéraire pour réfléchir sur la littérature antillaise.

 

Si par le biais des ondes le créole est présent (Mano, Alsendò, Sully Caly) sur Radio APAL, RLDM et d’autres radio, il y a un seul journal qui le fait depuis 2004 et quelques sites depuis 2008 : Montray Kreyol 215 le 29 mai 08, Gens de la caraïbe, 218 29 juin 08,  Alabowdaj 231 septembre 08,

Potomitan, 281 septembre 09,  Meetaw plus tard,

 

On voit donc que le créole fait comme il peut pour exister dans la presse. Pour terminer on constate que le plus ancien journal JUSTICE (1910) militant de surcroît ainsi que le journal APAL (Asé Pléré Annou Lité 1981) n’ont jamais publié de texte en créole. Il serait intéressant de s’interroger sur le Pourquoi de cette situation paradoxalement dramatique ?

Le peuple, les masses lisent déjà peu le français voire le créole.

 

Alors toujours en faisant référence à défunt Papa : piman pa ka vanté fos li. Mais ANTILLA c’est le journal ki pa kantékant épi pep la, ki jik jòdi pa ka tjansé pou rézervé an paj ba kréyol et menm dé artik an kréyol (cf l’article sur Eriz Pézo lauréat Prix Kalbas Lò 2011)

 qui depuis mars 2004 publie chaque semaine un texte en créole avec les Kréyolad de Jid qui publie son 402ème numéro en janvier 2012. (Je profite pour remercier Gérard Dorwling-Carter, Henri Pied et Alfred Fortuné qui m’ont offert cette possibilité).

 

Editions Zaboka

Le proverbe dit : fot manman ou ka tété papa’w.

Je vais parler maintenant de ma petite expérience « d’éditeur forcé ». An michel moren de lédision.

En effet, mon premier ouvrage publié « Zouki d’ici danse » écrit en créole est paru en français aux Editions Ibis Rouge en 2005.

J’ai publié Sansann à compte d’auteur, puis Zouki bel zouti, Ti-zwézo à TheBookedition puis Kréyolad sous le nouveau label Editions Zaboka. Grâce au phénomène de la micro-édition j’ai pu donc publier ces ouvrages, mais la pli bel anba labay, c’est la promotion de l’ouvrage qui demeure difficile. Mes ouvrages sont visibles sur le site Potomitan et je n’ai pas encore les moyens malgré mon blog de monter un véritable site où les gens pourront acheter en ligne. Poch mwen krévé et je suis obligé d’acheter mes livres pour les revendre. Mon inexpérience a prévu un prix de vente pas assez cher. Même si j’envisageais que mes ouvrages ne dépassent les 15 €, sachant très bien combien les gens ont du mal à acheter surtout le créole. Mon livre le plus cher Kréyolad est à 12€ et il me coûte en fabrication 9,21€. Quand je commande 50 il me revient 30% moins cher mais encore faut-il avoir l’argent pour le commander.

J’ai renoncé à aller voir les libraires il faut leur laisser près de 30% du prix de l’ouvrage pour sa marge.

Chaque fois quand je peux j’achète une quinzaine et je les revends assez rapidement. (Il me reste quelques un dans la voiture).

Ecrire en créole est facile, c’est produire qui s’avère difficile voire promouvoir l’écrit créole. Par exemple je n’ai pas pu m’adresser à la Région pour une aide puisqu’il y a une possibilité de soutenir encore faut-il fournir, paraît-il, une centaine d’ouvrages choses qui en ce moment n’est pas possible compte tenu de mes finances. Le Kréyolad 1 était une bouteille à la mer, il semble connaître un bon accueil mais le financement des ouvrages ne suit pas.

 

 

 

Je terminerai si vous le souhaitez par une interrogation :

Kitan nou ké asepté kréyol pa rété asiz asou an  vié ti-ban, mé enstalé kò’y adan fotey langaj pou i pran lang épi tout lang asou latè a koumansé pa sa yo kriyé Lang titjajta, kidonk minoritè ?

 

Mèsi pou sa ki kouté mwen,

Merci de votre attention.

 

 

 

 

en citant un extrait du premier Kréyolad.

Kréyolad sé an ti mo pou pran a la rigolad. Kréyolad sé an ti rigolad an boug led kon krapolad ka vréyé douvan pou’y pa tonbé malad.

Kréyolad pou nou pé li épi pou man aprann matjé kréyol la.

Kréyolad pa vé di kouyonad, menmsi délè man ké simen on kouyon.

 

 

Jude DURANTY

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